J’ai honte. Si je lisais un tel blog, mais appartenant à quelqu’un d’autre, que ce soit une inconnue ou une amie, je me dirais «Mais quelle conne! Qu’elle se casse vite fait!». Evidemment, quand il s’agit de soi, on est tout de suite moins courageuse et moins objective, c’est logique. Je me trouve plein de bonnes excuses pour ne pas quitter Voisin Sexy. Je me dis que, au-delà de ses problèmes psycho-sentimentaux, c’est quelqu’un de bien, qui a «un bon fond». Oui, je sais, cette expression est nulle, mais je ne vois pas comment dire ça autrement. Voisin Sexy est un homme foncièrement bon. Il est gentil, bien éduqué, intelligent, drôle, il sait se montrer attentionné (même si bizarrement je le trouvais plus attentionné quand on n’était pas un couple, mais soit). Il a de belles valeurs et je sais que c’est quelqu’un d’honnête et par les temps qui courent, ça reste si rare qu’il faut le mentionner avec enthousiasme. Mais est-ce que toutes ces qualités justifient que j’endure cette histoire bancale encore longtemps?
Oui, c’est encore et toujours les mêmes questions. De toute évidence, je ne reposerai jamais en paix avec Voisin Sexy. Mes nouvelles angoisses viennent de ce weekend.
Tout avait bien commencé, pourtant. J’avais parlé à Voisin Sexy de ma difficulté à gérer son côté froid et distant par moment, et du coup, il avait fait plein d’efforts et s’était montré à nouveau ultra câlin et démonstratif, un ange. Le vendredi soir, allongés dans le lit, on avait parlé prénoms d’enfants. Certes, pas forcément en mentionnant ceux que l’on ferait ensemble, mais malgré tout, il y avait cette connotation, enrobée d’humour. C’était très chouette. Samedi, pareil, adorable. Puis, il y a eu dimanche.
Déjà, ça a été une journée catastrophe, comme j’en ai peu connue. Je ne vais pas énumérer la longue liste des tuiles qui nous sont tombées dessus, mais clairement, elle est énorme. On était à Walibi, avec des amies à moi. J’étais dans un état d’esprit de plus en plus négatif, je dois l’avouer, suite à l’avalanche de mauvaises nouvelles qui s’étaient abattues sur nous. Et, en plus de tout cela, j’ai dû composer avec deux épisodes franchement peu amusants.
D’abord, lors du dîner, Pierre a eu une remarque qui, encore à cet instant, me laisse pantoise. Vu qu’il drachait (parlons belge), j’ai dit «On devrait aller vivre dans un autre pays». Ce à quoi Voisin Sexy a répondu «Tu fais ce que tu veux. Mais c’est clair que je compte aller vivre ailleurs». Après une pause, il a ajouté qu’il pensait à l’Ethiopie. Ça, je sais que c’était de l’humour. Mais je ne suis pas sûre que les paroles précédentes l’étaient. En gros, ce que moi j’ai compris, c’est qu’il compte aller vivre ailleurs (genre aux USA), ce qui n’est pas un scoop, mais qu’apparemment, je ne fais pas partie de l’équation. Alors ma question est: à quoi on joue? Il a prévu, peu avant son départ de me dire un truc genre «C’était sympa, merci, au revoir»? Vraiment, je me demande. Et si c’est le cas, mon dieu, si c’est le cas, je pourrai ajouter égoïsme à la longue liste de ses qualités. Je n’ose même pas lui poser la question, tellement j’ai peur de sa réponse. Parce qu’admettons qu’il me réponde ça, voilà, ce sera tout. Je devrai simplement lui dire «Ben, alors va te faire foutre dès maintenant». Et je n’en ai pas envie. Mais bon, je ne peux décemment pas perdre encore une ou deux années supplémentaires pour un mec complètement incapable d’engagement. Toutefois, restons positive. Peut-être était-ce de l’humour? Peut-être ai-je mal compris? Peut-être s’est-il mal exprimé? Je sais, je ne trouverai pas la réponse ici. C’est à lui que je dois en parler, mais depuis son retour des USA, j’ai l’impression de ne lui faire que ça: des reproches. Je me sens comme toutes ces chieuses de service que j’exècre quand je suis moi-même.
Et puis, il y a l’élément numéro deux. Comme à son «habitude», il a fallu que Voisin Sexy soit un petit peu trop sympathique avec une de mes amies, évidemment pas la plus moche. Il m’avait déjà fait le coup à plusieurs reprises, mais quand on n’était pas ensemble. Je sais que ce n’est pas de la drague. C’est de la séduction, c’est son besoin de plaire et de se rassurer. Mais ce n’est pas une excuse. Ça me blesse et, pire que tout, ça me fait passer pour une conne devant mes amies qui, clairement ont remarqué l’étrangeté de la situation. Enfin, c’est l’impression que j’avais, en tout cas. Elles me lançaient des regards mi compatissants, mi-gênés et ça me rendait folle. S’il n’y avait que le fait qu’il ne parlait qu’à elle et qu’il ne regardait même plus où je me trouvais, à la rigueur, je mordrais sur ma chique. Mais le hic, c’est qu’il y a les gestes aussi. Rien de dramatique, hein. Mais déjà trop. Genre vas-y que je mets ma main dans le bas de ton dos quand je te montre quelque chose, ou vas-y que je te touche la taille pour attirer ton attention. Clairement pas des gestes à avoir avec une personne qu’on rencontre pour la première fois, à moins de vouloir la séduire, on est d’accord.
Bref, plus le temps passe, plus je fulmine. Je n’ai encore rien dit pour l’instant, donc. Par peur d’être trop chiante. Par peur de le perdre. Mais le silence ne règlera rien, évidemment...
Camilla