Oui, ça fait longtemps, très longtemps. Je ne ressens plus le besoin d’écrire, même quand ça va mal. Ce qui n’est pas forcément le cas ce matin. Enfin, à vrai dire, je suis dans un état zombiesque effarant, suite à mes excès du weekend, mais hormis une fatigue peu soutenable, je vais plutôt bien. Je suis peut-être un peu perplexe, mais rien de bien méchant.
Ce weekend, il s’est passé quelque chose que j’imaginais comme important et surtout, que je n’avais jamais envisagé se produire de cette façon-là. Alors je suis perplexe. Mais pas trop. J’essaie de ne pas me torturer l’esprit, alors que tout semble aller de soi. Je m’explique.
Samedi soir, Voisin Sexy et moi avons organisé un barbecue pour faire la fête, mais aussi pour présenter une amie célibataire à un ami mal accompagné, dans l’espoir que ça fasse des étincelles. Objectif non atteint, mais ce n’est pas le point qui nous préoccupe. Alcool oblige, nous étions tous passablement éméchés, moi la première. Lorsque Voisin Sexy et moi sommes allés nous coucher, il en a profité pour me reprocher mon attitude avec un de mes amis et ex-compagnon que j’aurais apparemment «allumé» pendant la soirée. Honnêtement, c’est plausible, mais c’est l’hôpital qui se moque de la charité, étant donné que mon cher et tendre a quand même une fâcheuse tendance à jouer les séducteurs à la moindre occasion, donc je ne me suis pas formalisée. Sauf que la conversation est montée et j’ai fini par dire (par transparence, mais aussi par provocation) que j’essayais peut-être de chercher des preuves d’amour ailleurs, puisque je ne les avais pas de mon propre compagnon et que je n’avais aucune idée des sentiments qu’il pouvait avoir pour moi. Là-dessus, je lui ai demandé «Alors, es-tu amoureux de moi?». Ce à quoi il a très délicatement répondu «Je ne sais pas» et tout son blabla de je-suis-un-mec-compliqué-qui-ne-se-comprend-pas-lui-même ou un truc du genre. Un soudain ras-le-bol pesant s’est abattu sur moi et je me suis couchée, convaincue de clarifier tout ça au matin, à jeun. Ce que j’ai fait. A peine éveillée, toute la conversation m’est clairement revenue en mémoire. Je me rhabillais maladroitement quand Voisin Sexy m’a demandé «Mais où tu vas?». «Je pense qu’on va en rester là», me suis-je entendue répondre avec aplomb. Et je le pensais. Je ne pleurais pas. J’avais le cœur en miettes, mais il était sec. C’était ma limite. Je l’avais atteinte et j’étais capable de partir. Je partais. Voisin Sexy m’a retenue, m’expliquant que ses mots avaient dépassé sa pensée, qu’il était saoul et fâché… Alors, je me suis énervée, je lui ai dit «Alors, dis-le-moi maintenant, j’en ai besoin. Est-ce que tu es amoureux de moi?». «Evidemment». Evidemment, évidemment… On n’a pas la même définition de l’évidence, mais soit. Effrayé par mon possible départ, il s’est relevé, malgré la gueule de bois, la nausée, le manque de sommeil, il a pris mes mains dans les siennes et a clôturé la conversation: «Bien sûr que je t’aime, mais je ne sais pas dire ces choses-là. Ce n’est pas de me faute si je suis un handicapé de l’amour».
Amen. J’avais toujours pensé que je sauterais au plafond, des larmes de joie plein les yeux, le jour où il se déciderait à me déclarer son amour. Mais là, on était loin du compte. Je suis très fatiguée aujourd’hui, vraiment exténuée. Alors je sais que je ne dois pas réfléchir, car ma tendance naturelle en mode léthargique est de tout voir en noir. J’en suis à me persuader qu’il a dit ça pour ne pas que je le quitte, mais qu’il ne le pense pas. Donc, je vais juste faire semblant de rien, continuer notre histoire et voir où tout ça finira.
Et d’abord, me R-E-P-O-S-E-R.
Camilla